dimanche 17 août 2008

POUR MES ÉTUDIANTS



CONFIDENCES EN FIN DU PARCOURS


J’ai lu et relu non sans émotion vos manuscrits et je me suis plongé dans un état d’âme indicible, mélangé de joie et de regret. Regret, parce que je n’ai pas pu réaliser, à l’intention de votre formation, tout ce que je voudrais faire pour vous et avec vous, faute de condition favorable et de collaboration efficace. Joie, parce que de toute façon, vous avez mené à bonne fin votre projet audacieux et ambitieux à la fois, celui de laisser, par vos propres écritures, une trace signifiante sur le chemin de votre apprentissage.

A travers les pages, j’apprécie vos grands efforts de passer de l’imitation à la création pour trouver une façon d’exprimer qui vous est propre. Entre les lignes, j’aperçois votre sourire satisfait à chaque fois que vous avez décidé de rayer un mot pour en choisir un autre. Cela va sans dire que votre expression laisse encore à désirer. Mais ce qui compte le plus, c’est que, par ce travail collectif, vous avez fait preuve de la bonne volonté et d’une ferme détermination de vous offrir une occasion, entre mille autres, d’ écrire en français, une occasion de découvrir ce NOUVEL HORIZON vers lequel vous conduisent toujours votre soif de vous instruire et votre aspiration de vous améliorer. N’ayez pas peur de commettre des fautes. L’erreur est humaine. Et n’oubliez pas que “le plus grand des naufrages , c’est celui de quelqu’un qui n’a pas même quitté le port “. Vous avez osé quitter le port, aucun naufrage ne vous attend. Pourvu que vous sachez prendre au sérieux ce que vous faites. Un mot mal placé, une expression mal choisie, un verbe mal conjugué, une tournure mal employée… , relisez vos textes et vous pourrez les corriger vous-mêmes. On n’oublie pas votre point de départ. Au début, vous toutes et tous, ou presque, étiez des vrais débutants. J’ai suivi vos progrès accomplis à chaque étape de votre parcours d’apprentissage. Je n’ai rien à vous reprocher si vous n’arrivez pas encore à vous exprimer parfaitement. On ne vous tolère pourtant pas si vous vous arrêtez à mi-chemin. Tout enseignant est un apprenant, je vous l’ai dit, je vous le répète. On n’est jamais trop âgé pour s’instruire. On ne peut jamais se dire qu’on a assez étudié. Ne suivez pas l’exemple de ceux qui se contentent de leur formation initiale et se vantent de tout savoir ! Ils sont, il faut le dire ouvertement, ou des menteurs, ou des orgueilleux. Or, l’orgueil et le mensonge sont deux des pires défauts toujours réfutés par votre futur métier.

Ce métier, vous l’avez choisi, vous l’apprenez et vous l’exercerez. Rappelez-vous que ce qu’à présent, vous attendez de vos professeurs, demain, vos futurs élèves, à leur tour, vous le demanderont. Dévouement et conscience professionnelle, indulgence et impartialité … , toutes ces qualités sont, pour un enseignant, aussi importantes qu’une connaissance parfaite de la matière enseignée. De plus, un professeur “érudit” mais sans conscience est beaucoup plus dangereux qu’un professeur insuffisamment formé !

Ce métier, vous le comprenez au fur et à mesure, par des cours, par des activités scolaires et par des stages. Et vous pouvez certainement remarquer qu’à l’heure actuelle, on n’apprend pas, on n’enseigne pas les langues comme on le faisait il y a trente ans. La société se transforme, les mœurs changent, les sciences se développent, les langues évoluent, la pédagogie se renouvelle. Tout est en mouvement. Rien n’est immobile. La didactique des langues , elle aussi, évolue. D’une façon générale, on ne cherche plus à remplir la tête des élèves avec de longues listes de vocabulaire et de formes grammaticales. A quoi servent les longues théories apprises par cœur si elles n’amènent pas ensuite à la pratique, à l’expression spontanée ? Ce qui est découvert par la réflexion et la déduction se retient mieux que ce qui est appris par cœur. Aujourd’hui, on enseigne la langue pour que l’apprenant puisse “communiquer” rapidement, c’est-à-dire comprendre et se faire comprendre. Ne torturez pas vos élèves en les faisant copier des pages et des pages entières ou écouter passivement vos discours .Vous ne faites que les ennuyer. On n’apprend pas en bâillant, en somnolant ! L’apprenant doit être actif et autonome. Il doit en premier lieu savoir ne pas tout attendre de l’enseignant. Il faut qu’il sache compter autant sur lui-même que sur l’aide que l’enseignant lui apporte. D’autre part, certains affirment souvent que l’enseignement est à la fois une science et un art. Qui dit art dit création. Par les multiples activités créatives, orales ou écrites, l’apprenant construira son propre savoir avec plaisir et jouira du bonheur de découvrir le nouveau et l’inconnu : l’étude n’est pas une corvée, l’école n’est pas une galère.



Nous avons travaillé ensemble pendant trois ans. Vous me comprenez assez pour savoir ce que j’attends de vous. Vous étiez ma joie et mon espoir, vous l’êtes et le serez toujours. Où que vous alliez, quoi que vous fassiez, pensez que, dans ce monde où bonté et méchanceté s’entremêlent, où honnêteté et hypocrisie se confondent, il y a quelqu’un qui suivra encore vos pas avec la certitude que vous irez plus loin. Bon courage et Bonne continuation, mes chers étudiants !

Dalat, Jour de l’An, 1998.

THÂN TRỌNG SƠN




Bài viết cho sinh viên Khóa Đào tạo Giáo viên Tiếng Pháp
Trường Cao Đẳng Sư Phạm DALAT ( 1995-1998 )







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