Le mariage d’une princesse était appelé “ hạ giá ” ( descente ) car son mari – appelé “ phò mã ”, était d’un rang inférieur au sien. Phò mã désignait , au sens propre, le cheval qui tirait la voiture supplémentaire. Auparavant, à chaque sortie, le roi se servait d’une voiture appelée long đinh xa ( char royal ) tirée par quatre chevaux. Le char royal avait comme escorte deux autres voitures appelées phò mã. Ensuite le mot “ phò mã” était employé pour désigner la personne au service du roi lors des voyages. Alors, après s’être marié avec une princesse, il serait nommé phò mã đô úy, titre d’un mandarin militaire du troisième degré, dépourvu d’une fonction concrète dans la cour. Il n’avait qu’à accompagner le roi, et à participer aux audiences et aux festins royaux. Si la princesse mourait avant lui, il pourrait obtenir une fonction quelconque grâce à son grade de troisième degré.
Il était vraiment difficile de marier toutes les princesses, tant elles étaient nombreuses ! La première difficulté était qu’il fallait choisir un fils de mandarin, civil ou militaire, or ces jeunes hommes n’étaient pas prêts à se marier volontairement avec des princesses. Ils n’avaient le droit ni de choisir ni de regarder le visage de leur future épouse, et qu’est-ce qui leur arriverait s’ils tombaient sur une princesse d’un âge avancé et d’une beauté modeste ! Quelle honte ! La deuxième difficulté pour les princesses c’était qu’elles vieilliraient vite si elles n ’arrivaient pas à trouver un mari, pour la simple raison qu’il fallait attendre au moins trois ans en cas de grand deuil, ce qui se passait fréquemment dans la cour. Si pendant une année, deux grands deuils survenaient, ce serait une malchance pour elles. La troisième difficulté résidait dans l’impossibilité d’organiser plusieurs mariages dans une même année en raison des dépenses considérables que le budget national ne pouvait pas supporter.
Les rites d’un mariage d’une princesse ne différaient pas trop de ceux des mariages des hommes du peuple, la différence se soulignait pourtant dans le déroulement des cérémonies. Le choix du futur époux commença par un édit du roi demandant l’enregistrement des princesses âgées de treize ans et au-dessus, réalisé par les palais royaux. Cette liste fut envoyée au Ministère de l’Intérieur et au Ministère de la Guerre. À la réception de cette liste, ces deux ministères dressèrent une liste des fils de mandarins – chacun avec son CV détaillé - destinée à la sélection du roi. Le choix fait, le roi nomma un prince du sang comme célébrant du mariage, aidé par un adjoint. Ces deux hommes devraient naturellement être d’un âge avancé et d’une nombreuse progéniture avec des épouses encore vivantes. En se basant sur les CV des prétendants, ils en choisirent un dont l’âge était conforme à celui d’une certaine princesse et présentèrent la proposition au roi. Si le roi était d’accord, il encerclerait à l’encre le nom du jeune homme choisi.
Voilà le premier pas accompli. Le roi donna ensuite au futur gendre une grosse somme d’argent – environ 3000 ligatures – pour l’achat d’une résidence. Il donna encore une autre somme d’argent destinée à l’achat, pour le gendre, des vêtements, pour la princesse, d’une coiffure à cinq phénix d’or, sertie de perles ou de corail, d’un costume brodé d’un phénix et d’autres parures. Le futur mari devrait tout acheter pour l’ameublement de sa résidence à l’usage de la princesse. Les préparatifs accomplis, le futur mari de la princesse avertit le ministère des Rites qui informa ensuite le roi. Celui-ci ordonna à l’Observatoire Astronomique de choisir un jour faste, informa, lors d’une audience royale, le célébrant du mariage et son adjoint de la préparation de la cérémonie, et les chargea d’en avertir la famille du futur gendre. Les deux partis se mirent d’accord sur l’heure et la date de la cérémonie. Au jour fixé, la famille du marié dressa un autel pour recevoir les représentants du roi qui, en costumes de cérémonie, escortés par des soldats tenant des étendards et des drapeaux, se tenaient debout à gauche de l’autel, le côté droit étant réservé à la famille du marié. Les messagers du roi annoncèrent officiellement la date de la cérémonie puis se retirèrent à la cour attendre des ordres. Le lendemain, accompagné de quelques notables de sa famille, le père du marié se rendit au palais royal, fit cinq prostrations devant le roi en signe de respect. Le même geste fut effectué par la mère du marié à l’égard de la reine-mère, la première épouse du roi et la propre mère de la princesse. L’Observatoire Astronomique fut ordonné de choisir encore trois autres jours fastes, et après l’accord du roi, les six cérémonies suivantes seraient organisées, à raison de deux cérémonies par jour :
Le premier jour : les cérémonies de nạp thái et vấn danh.( engagement )
Le deuxième jour : les cérémonies de nạp trưng et nạp các.( présentation des offrandes )
Le troisième jour : les cérémonies de điện nhạn et thân nghinh.( procession matrimoniale )
Les offrandes pour la princesse étaient aussi décidées :
Pour la cérémonie de nạp thái : 1 buffle, 1 porc, 2 jarrons d’alcool, 1 plateau d’arec et de bétel, 2 rouleaux de brocart, 10 rouleaux de soie, 4 lingots d’or, 2 enfilades de perles, 16 lingots d’argent.
Pour la cérémonie de nạp trưng : 2 bœufs, 1 buffle, 2 porcs, 1 plateau d’arec et de bétel, 2 jarrons d’alcool, 2 rouleaux de soie unie, 6 lingots d’or, 20 lingots d’argent.
Pour la cérémonie điện nhạn, les coutumes chinoises exigeaient comme gage l’offrande d’une paire de nhạn ( oie sauvage ), mais chez nous, cette espèce d’oiseau n’existant pas, on les remplaça par des oies. Et, de plus : une boîte de fils à cinq couleurs, 100 ligatures, symbole de la richesse, du bonheur et de la longévité.
À la cour royale, la veille du jour de la cérémonie, le roi ordonna à un mandarin du haut degré d’ apporter des objets de culte aux mausolées en guise d’annonce aux rois défunts du mariage de la princesse. La princesse, accompagnée de quelques femmes mandarins, rendit visite aux tombes des ancêtres et alla se prosterner devant la reine-mère et la première épouse du roi. Le jour de la procession matrimoniale, le marié entra au palais royal avec des offrandes, fit cinq prostrations devant le roi pour lui demander d’accueillir la mariée. Le roi reçut des offrandes, donna quelques recommandations au marié avant que celui-ci fût introduit dans une salle voilée de rideaux pour un moment d’attente.
Après s’être préparée, la princesse suivit une femme mandarin et certaines dames au palais royal où le roi lui fit les recommandations concernant les devoirs d’une fille envers sa belle-famille et lui donna du vin impérial. La princesse fit cinq prostrations puis se retira auprès de sa propre mère. La mère fit encore les mêmes recommandations, la princesse se prosterna cinq fois en signe de la reconnaissance filiale. À l’extérieur de la porte du palais attendait déjà un cortège englobant le cérémonial, son adjoint et leurs épouses; un mandarin du haut degré et sa femme; six femmes mandarins, quelques dizaines de servantes, des porteurs de palanquin avec drapeaux et parasols, deux enfants portant des lanternes , deux enfants portant des oies, deux enfants portant des feuilles de cycas.
À ce moment, le marié sortit de la salle, vint près du palanquin, souleva les rideaux, invita la princesse à monter, puis marcha en avant. La Porte du Sud passée, il monta à cheval puis se joignit avec la procession. Arrivés à la maison du marié, la princesse fut introduite dans une chambre de l’ouest, son mari, dans une chambre de l’est. Les rites qui suivirent ressemblaient à ceux des familles des hommes du peuple. Neuf jours après, la princesse et son mari rentrèrent à la cour royale pour faire des prostrations au roi qui donnerait au mari de la princesse un costume de cérémonie d’un mandarin de troisième degré, 4 rouleaux de brocart et deux harnais. À partir de ce moment, il servait le roi lors des audiences ou des sorties tout en n’occupant aucune fonction dans la cour.
THÂN TRỌNG SƠN
Traduit du vietnamien.
Texte original :
Truyện kể về các Vương phi Hoàng hậu nhà Nguyễn – THI LONG
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