vendredi 6 février 2009

LE ROI DUC DUC




LE ROI DUC DUC

( 1883 – 3 jours )


Le roi Tu Duc n’avait pas d’enfant par suite de la variole dont il avait été atteint en son enfance. Pour continuer la lignée, il a adopté les enfants des princes : Nguyen Phuc Ung Chan, fils du Prince Thuy Thai ou Hong Y, Ung Duong et Ung Dang, deux fils du Prince Kien Thai. De ces trois fils adoptifs, il préférait Ung Dang ou le duc Duong Thien. Il avait même le dessein de l’instituer héritier. Nguyen Nhuoc Thi a écrit dans le “Chant du palanquin royal à l’entrée du pays Thuc” :


« La générosité d’un supérieur est toujours impartiale

Seulement il faut assurer la sécurité pour la patrie

Alors quelqu’un de talentueux a été choisi

Pourtant encore jeune il n’est pas intronisé

Le souverain a fait sa décision

Qu’il voulait communiquer

Par des recommandations léguées

Assez claires pour une bonne compréhension.”


Ung Dang était trop petit, la situation de l’époque demanda un roi plus âgé. Alors Tu Duc devait choisir comme successeur Ung Chan, l’aîné de ses fils adoptifs. Le roi fit construire la Résidence Duc Duc à l’extérieur de la Porte Hien Nhan, où Ung Chan vivait et faisait ses études mais Ung Chan était souvent réprimandé par sa paresse. En 1883, sentant qu’il ne pouvait pas vivre plus longtemps, le roi fit un testament laissant le trône à Ung Chan, mais pour lui donner des conseils, il y écrivit ces phrases :


“ Il a une tare aux yeux bien cachée depuis toujours mais pouvant aboutir à une mauvaise vue plus tard; il est d’ailleurs lascif – ce qui n’est pas bon - ; il n’est pas probable qu’il puisse accomplir une grande œuvre. Pourtant un roi âgé pourrait être utile à la patrie, si on ne l’intronise, comment peut-on faire autrement? ” (1)


Craignant la désobéissance des dignitaires après sa mort, il ajouta dans le testament : “ Les princes Tho Xuan Mien Dinh et Tuy Ly Mien Trinh sont des dignitaires vertueux que je respecte toujours. Quand je ne suis plus sur terre, vous deux m’aiderez en prévenant les troubles dans la cour.”


Le testament écrit, le roi Tu Duc fit venir les trois dignitaires Tran Tien Thanh, Ton That Thuyet et Nguyen Van Tuong pour leur confier l’héritier. Après lecture du document, trouvant que le paragraphe concernant le futur roi ne lui était pas favorable, Tran Tien Thanh proposa de le rayer mais le roi n’y consentit pas. Il dit de le laisser tel quel, ces phrases ayant pour but de conseiller à l’héritier de se corriger. Après quoi, Tu Duc fit communiquer, par une ordonnance, le présent testament à tous les mandarins du Conseil Secret. Il nomma Tran Tien Thanh régent , Ton That Thuyet et Nguyen Van Tuong co-régents. Le roi Tu Duc mourut le 16 juillet 1883, l’avènement du roi successeur eut lieu le 19 juillet. Lors de la proclamation du testament, le régent Tran Tien Thanh sauta le paragraphe précité ( ou le lut par des sons incompréhensibles ). Ton That Thuyet le critiqua et ordonna au vice-ministre Nguyen Trong Hop d’en refaire la lecture. Après, Ton That Thuyet et Nguyen Van Tuong obligèrent Tran Tien Thanh à signer ensemble un placet présenté aux Reines des Deux Palais (2) dans lequel ils énumèrent les fautes du nouveau roi Duc Duc :


1. Corriger le testament.

2. Se vêtir de costumes de couleur en grand deuil.

3. S’adonner à la débauche.


Ensuite le roi Duc Duc fut détrôné, et interné à la Résidence Duc Duc, puis à l’Institut du Médecin du Palais. Il était interné enfin à la prison Thua Thien et fait mort de faim. Les dignitaires étaient, pour la plupart, mécontents de ce détrônement, mais n’osaient pas protester, chacun pensant à sa positon et à ses intérêts. Le seul établissement qui puisse intervenir était le Service d’Inspection, mais la moitié de son personnel comprenait les partisans de Tuong et Thuyet. Pourtant ce Service présenta le censeur Phan Dinh Phung comme représentant pour formuler des critiques. Tuong et Thuyet le fit arrêter et emprisonner. À l’avènement du roi Hiep Hoa, Phan Dinh Phung fut libéré mais enlevé de toutes fonctions avant d’être renvoyé au village natal. Cet incident était reflété assez clairement dans le “Chant du palanquin royal à l’entrée du pays Thuc” :


« Le censeur Phan Dinh Phung, mandarin fidèle,

Se montrait tout mécontent

Et prit la parole devant la cour :

“ Le roi successeur a commis des erreurs

mais on ne lui a pas encore conseillé

déjà on l’a condamné

Ce jugement sera critiqué par la postérité.

Je n’ai pas peur de mourir

Pour révéler la vérité qu’il faut dire !”


Les paroles énergiques de Phan Dinh Phung firent peur à tout le monde et mirent Tuong et Thuyet en colère :


À ces mots tout l’auditoire prenait peur

Fâchés, Tuong et Thuyet ordonnèrent

de mettre des menottes au censeur.



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(1) Registre généalogique de la famille Nguyen Phuc, p. 286.

(2) Il s’agit du Palais de La Reine-Mère Tu Du, mère du roi Tu Duc, et celui de la Reine Le Thien, son épouse.



THÂN TRỌNG SƠN

Traduit du vietnamien


( Nhà Nguyễn - Chín chúa mười ba vua - THI LONG )





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